Les préparatifs de la France assombris par l'affaire Chalureau #rentree2023
La préparation de la France à la Coupe du Monde de Rugby a été éclipsée par les demandes visant à ce que le deuxième ligne Bastien Chalureau soit exclu de l'équipe après avoir été reconnu coupable d'une agression à caractère raciste. Chalureau avait initialement été exclu de l'équipe de 33 joueurs de l'entraîneur Fabian Galthié pour la Coupe du monde, mais a été appelé vendredi pour remplacer son coéquipier du club de Montpellier, blessé, Paul Willemse.
Cependant, la décision a suscité une controverse, découlant de la condamnation de Chalureau à six mois de prison avec sursis par un tribunal de Toulouse en 2020 pour avoir agressé deux anciens joueurs. Il a été reconnu coupable d'"actes de violence, dans la mesure où ceux-ci ont été commis en raison de la race ou de l'origine ethnique de la victime".
Yannick Larguet, l'une des victimes de l'attentat, a déclaré au quotidien régional La Dépêche du Midi que Chalureau aurait proféré des « insultes racistes » avant de « me frapper de toutes ses forces à la mâchoire ». Chalureau, qui évoluait alors à Toulouse, a toujours nié tout élément racial dans l'attaque. Le joueur de 31 ans, sélectionné six fois, a fait appel de cette condamnation.
Lundi, Chalureau a de nouveau rejeté ces accusations lors d'une conférence de presse. "Je ne suis pas raciste", a-t-il déclaré. "Ce que je veux vous dire, c'est que j'ai avoué mes erreurs, que j'ai payé mes dettes et que je nie toute réclamation concernant des propos racistes."
"Nous en avons discuté avec le staff de l'équipe de France : ils le savaient depuis le début, c'est une affaire ancienne et connue de beaucoup de monde. J'avais envie de m'exprimer publiquement et de m'adresser à tous mes coéquipiers, à ma famille... car cela ne me concerne pas que moi", a-t-il ajouté, au bord des larmes.
Interrogé dimanche soir pour savoir si la polémique affectait la préparation des équipes pour la Coupe du monde, le capitaine français Antoine Dupont a déclaré que Chalureau "a toujours eu une attitude exemplaire, sur et en dehors du terrain".
Galthié a insisté sur le fait que "le racisme n'a pas sa place dans l'équipe", mais lorsqu'on lui a demandé si son équipe était affectée par la controverse croissante, il a déclaré aux journalistes "une Coupe du monde n'est pas pour les faibles. Bastien nous a parlé de l'affaire", a-t-il déclaré, ajoutant que Chalureau avait nié avoir tenu des propos racistes.
Le président français Emmanuel Macron a déjeuné avec l'équipe lundi et a été pris au micro en train de dire à l'entraîneur Fabien Galthié : "Nous ne voulons pas que la polémique devienne incontrôlable".
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Plus tôt lundi, le directeur général de World Rugby, Alan Gilpin, a déclaré qu'il n'y avait pas de place pour le racisme dans ce sport. "Il n'y a absolument aucune place pour la discrimination dans le rugby et certainement [no place] pour le racisme", a déclaré Gilpin aux journalistes lors d'une conférence de presse avant la Coupe du monde. "Il est important de reconnaître que nous devons respecter la procédure légale", a-t-il ajouté.
'Présomption d'innocence'
Certains hommes politiques ont exigé qu'il soit retiré de l'équipe. Thomas Portes, de La France Insoumise (LFI), a indiqué que son parti "va contacter la ministre des sports pour qu'elle intervienne et demande à l'équipe de France de ne pas le sélectionner".
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a toutefois déclaré que la procédure d'appel devait être respectée. "Ne nous érigeons pas en procureurs à la place de la justice", a-t-il déclaré dimanche sur BFM TV. La ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a déclaré que "en attendant la décision définitive du tribunal, chacun doit laisser la justice faire son travail, dans le respect de la présomption d'innocence".
"La ministre a pu s'entretenir avec Florian Grill, président de la Fédération française de rugby, et avec Raphaël Ibanez, directeur général de l'équipe de France, qui lui a confirmé qu'un échange avait eu lieu sur le sujet entre Bastien Chalureau et le staff de l'équipe de France", indique un communiqué du ministère transmis à l'Agence France-Presse (AFP). "Le joueur maintient sa version des faits et nie toujours formellement avoir tenu des propos racistes, c'est pourquoi il a procédé à ce recours."
Oudéa-Castéra "veut réaffirmer qu'être sélectionné en équipe de France, c'est représenter les valeurs républicaines d'égalité et de fraternité, donc se comporter en conséquence et notamment lutter contre toute forme de violence et de discrimination", a ajouté le porte-parole.
La France débute vendredi la Coupe du monde à Paris contre la Nouvelle-Zélande, triple championne du monde. Galthié nomme son équipe pour affronter mercredi les triples vainqueurs de la Coupe du monde.